Coronavirus : surpoids et obésité, facteurs de risque ?

Selon une nouvelle étude du CHU de Lille, les personnes obèses ont 50% de risques en plus que les autres d’attraper le coronavirus et de développer une forme sévère de la maladie. Explications.

On le sait : si le coronavirus Covid-19 est bénin dans 80 % des cas, il existe des formes sévères de la maladie qui touchent en particulier les personnes souffrant de comorbidités – telles que l’hypertension artérielle, le diabète, l’asthme… mais aussi l’obésité. Selon le registre national des formes graves de coronavirus, qui rassemble les données de plus de 2000 patients malades, 83% sont en surpoids ou obèses avec souvent un diabète ou une hypertension, a indiqué au journal Le Monde Matthieu Schmidt, réanimateur à la Pitié-Salpêtrière et coordinateur du registre.

Une nouvelle étude du CHU de Lille réalisée sur 124 patients admis en réanimation au sein de l’hôpital vient confirmer ces craintes. Plus de 50% des patients hospitalisés en soins intensifs pour une forme grave du Covid-19 au CHU lillois présentent un indice de masse corporelle supérieur à 30. « Une obésité (IMC> 30) et une obésité sévère (IMC> 35 kg) est respectivement présentes dans 47,6% et 28,2% des cas » souligne l’étude. Les chercheurs estiment même que plus l’obésité est importante, plus la gravité de la maladie augmente, puisque plus de 85% des patients ayant un indice de masse corporelle supérieur à 35 ont dû être placés sous respirateur.

L’obésité est un risque dans les maladies virales

Mardi 7 avril, lors du point presse quotidien sur la situation épidémique du Covid-19, le Pr Jérôme Salomon, a indiqué que « l’obésité d’une part, et même le surpoids » peuvent devenir un facteur de risque d’infection sévère au coronavirus. « Il y a très souvent un facteur de risque retrouvé dans les infections virales graves. Il a été démontré dans la grippe en particulier un lien entre le surpoids et la survenue d’une forme sévère », a-t-il précisé. « Nous sommes très attentifs à ce que les personnes en surpoids important signalent rapidement une détérioration de leur état clinique et en particulier l’apparition de difficultés respiratoires ».

Jeudi 12 mars 2020, le président de la République avait aussi évoqué l’obésité comme un « facteur de risque » pouvant conduire, en cas d’infection par le coronavirus, au développement de troubles respiratoires sévères.

Les moins de 50 ans aussi

Interrogé par nos confrères du Figaro, le Pr. Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat (Paris), affirme par ailleurs que ce surpoids touche particulièrement les personnes jeunes : « plus de 80 % des moins de 50 ans qui se trouvent en réanimation chez nous à cause du Covid-19 » sont en situation de surpoids ou d’obésité.

Pour rappel, on parle d’obésité lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30 ; s’il est supérieur à 25, c’est un surpoids. Les personnes en situation d’obésité morbide, quant à elles, ont un IMC supérieur à 40 : elles sont définies comme « à risque » par le Ministère de la Santé.

Comment expliquer que les personnes en surpoids (ou obèses) sont plus sensibles au coronavirus ?

Les scientifiques mettent en lumière deux mécanismes : primo, les personnes en situation de surpoids ou d’obésité souffrent souvent de maladies associées – et, en particulier, de pathologies cardiovasculaires et diabète. Celles-ci constituent des comorbidités pour la maladie, et contribuent au développement de symptômes sévères du coronavirus.

Deuzio, comme l’explique le Centre de l’Obésité et du Surpoids Grenoble-Sud, un surpoids (ou une obésité) s’accompagne généralement d’une mauvaise respiration – essoufflement à l’effort, diminution des capacités respiratoires, asthme, apnée du sommeil… ce qui favorise le développement d’une détresse respiratoire en cas d’infection par le coronavirus. On ajoutera que, selon certaines études, l’obésité rendrait plus sensible aux infections virales et bactériennes en atteignant directement le système immunitaire : une porte ouverte au coronavirus Covid-19…

On l’a donc compris : les personnes avec un IMC supérieur à 25 doivent être particulièrement vigilantes face à l’épidémie de Covid-19. Attention : les experts soulignent que même les individus jeunes (comprendre : âgés de moins de 50 ans) peuvent développer des symptômes graves en cas d’obésité ou de surpoids. Les gestes-barrières sont plus que jamais d’actualité.